lundi 30 novembre 2009

l'expérience librairie

En général, on achète par correspondance des femmes, de préférence gonflables.

Il y a une dizaine d'années, le catalogue des élèves des Beaux-Arts de Bordeaux proposait d'acheter un homme par correspondance.

Le kit se composait de multiples flacons dont le plus grand contenait de l'eau (d'ailleurs si vous voulez voir de quoi vous êtes fait, ce n'est pas un secret des Dieux et c'est la chose la mieux partagée)


Les sites de librairie -dont celui dont je m'occupe- me font penser à ça : il y a la liste des éléments, mais ça ne suffit pas à faire librairie.

Depuis longtemps, on propose d'acheter des livres par correspondance.
Sur catalogue
Pour les bibliophiles
Les avertis, qui ont un besoin, ceux qui cherchent des titres ou des domaines bien précis

Ils aiment les listes , et ces listes, objets écrits, peuvent facilement être transposées sur internet.

Depuis quelques années, on propose de choisir des livres à distance en librairies.
Pour le tout-venant "curieux ou simples lecteurs" comme dirait feu un libraire bordelais que j'ai déjà cité.

Pour des gens qui aiment le moment de la rencontre fortuite avec un objet de désir. Pour les gens qui achètent parcequ'ils ont fait une expérience qui leur plait.

Comment reproduire "l'expérience librairie" ????
Comment retrouver le même plaisir sur internet?

Prenons par exemple l'expérience "table de libraire"

qui n'est ni une bibliothèque
ni une vitrine

Mon grand plaisir quand j'arrive le vendredi est souvent de refaire une table pour lui donner une cohérence, une logique, du sens (en l'occurrence le mien;-), c'est comme placer les convives... à table.

Et c'est les vider de leur substance et de son rapport à leur matérialité de penser qu'ils ne sont qu'une suite de couv, il y a du volume, de l'odeur, de la matière, et l'effet des corps de passage dans ce lieu, la musique, que diable, un peu de chair !
Ceci n'est pas une table de libraire.

Laissez moi quelques jours enfermée avec Graphéine, ceux qui ont fait le site de Zulma , allégez leur navigation et alourdissez très considérablement leur stock, rajoutez du son : on aura une table de libraire insérée dans un espace.
Ce serait un vraiment joli cadeau de Noël qu'on me ferait là. Imaginer un site de libraire aussi beau qu'un site éditeur.
Ce serait pertinent car nous ne sommes pas dans la logique industrielle, auquel cas listes, et couleurs criardes sur les dernières nouveautés seraient largement suffisants.

Comment reproduire nos lieux pleins de personnalité, cette enseigne, la couleur du mur, la nature de l'éclairage?

Peut-être faut-il d'abord retrouver notre rapport charnel et ludique à l'objet dans nos quotidiens physique et sur internet pour comprendre, mieux imaginer et se projeter...


"S'il est très clair que j'ai besoin d'un briquet (ou d'allumettes, ou d'une gazinière, ou de plaques chauffantes, ou d'une lampe à souder, ou de quelqu'un qui possède un de ces objets par exemple) pour allumer mes cigarettes, comment est-ce que l'on s'entoure d'objets qui n'ont, à l'inverse, aucune fonction ? Comment ces objets inutiles se camouflent, s'exposent, ou émergent dans un environnement ? De quelles façons nos rapports aux objets deviennent les signes de rapports au monde, ou des systèmes d'organisation particuliers, précis au point qu'on peut les imiter, maladroitement, dans le déroulé d'une conférence... une sorte de brocante de la pensée." (deuxième agence)

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